Les origines de Lille et son évolution jusqu'à nos jours

La première preuve écrite de l’existence de Lille se trouve dans une charte datant de l’an 1066, par laquelle Baudouin V, comte de Flandre, dote la collégiale Saint-Pierre d’un chapitre de chanoines et de revenus. Dans cet écrit, la ville est nommée « isla », mot issu du latin « insula », qui signifie « île ». En effet, Lille naît de l’eau, celle de la Deûle, rivière secondaire au débit modeste mais située sur un axe de circulation majeur, entre les grandes villes flamandes et les foires de Champagne.

La ville se développe sur un site où il y a une rupture de charge dans le cours de la rivière, ce qui nécessite le déchargement et le transport des marchandises jusqu’à une section plus navigable. Au départ, la ville est donc un port, infrastructure qui préfigure sa vocation de ville marchande.

Au Moyen Âge, la cité s’organise autour du forum, zone de commerce, et du castrum, site fortifié où se trouve la résidence comtale, appelée palais de la Salle. À l’époque où Lille émerge et se développe, elle fait partie du comté de Flandre, le comte étant vassal du roi de France.

En 1214, à l’issue de la bataille de Bouvines, Ferrand de Portugal, époux de la comtesse Jeanne de Flandre, est fait prisonnier. Jeanne gouverne alors seule et crée entre autres des fondations charitables, sur l’ensemble du territoire comtal. À Lille, c’est l’hôpital Notre-Dame qu’elle fonde en 1237 et qui est rapidement surnommé « hospice comtesse », en hommage à sa fondatrice. Cet édifice, plusieurs fois reconstruit, est aujourd’hui un musée présentant des collections d’art et d’histoire de la ville.

En 1369, Marguerite de Mâle, héritière du comté, épouse Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Dès lors, Lille passe sous l’autorité de la maison de Bourgogne et connaît une période de prospérité. Les ducs y font organiser plusieurs fêtes qui restent dans les mémoires : deux chapitres de l’ordre de la toison d’or, en 1431 et 1436, ainsi que le banquet du faisan, en 1454.

En 1453, Philippe le Bon ordonne la construction de l’imposant palais Rihour, pour héberger sa cour qui suit ses déplacements à travers le duché. Dans l’ancienne salle dite « des gardes » du palais se trouve aujourd’hui l’Office de Tourisme de Lille.

Le sort de Lille bascule de nouveau en 1477 : Marie de Bourgogne, héritière du duché, épouse Maximilien, fils de l’empereur d’Autriche. Par cette alliance, la ville passe sous l’autorité de la famille de Habsbourg.

En 1598, Philippe II, arrière-petit-fils de Marie de Bourgogne et roi d’Espagne, cède l’ancien comté de Flandre, désormais appelé « Pays-Bas espagnols », à sa fille Isabelle. S’ouvre alors pour Lille une période appelée le « siècle d’or ». Deux agrandissements successifs permettent des réaménagements et des constructions neuves. C’est dans ce contexte favorable qu’est construite la bourse, aujourd’hui appelée Vieille Bourse, conçue par le maître d’œuvre Julien Destrée.

Lille devient française en 1667, lorsqu’elle est conquise par Louis XIV au cours de la guerre de Dévolution. Le visage de la ville se métamorphose petit à petit sous l’influence française nouvelle. Vauban dirige l’édification de la « Reine des citadelles » qui débute rapidement après la signature du traité d’Aix-la-Chapelle. Un nouveau quartier est aménagé : le quartier royal, facilement reconnaissable par la régularité de sa voirie et de ses hôtels particuliers, type d’habitat qui n’existait pas à Lille auparavant.

En ville, le Magistrat veille à la cohérence des constructions et des rénovations, ce qui explique l’homogénéité des façades des rangs de maisons bâtis à cette époque, qui mêlent style français de l’époque et tradition architecturale locale. Durant la guerre de Succession d’Espagne, Lille est occupée par les Hollandais à partir de 1708, puis redevient définitivement française en 1713 avec la signature du traité d’Utrecht.

La Révolution voit s’imposer au pouvoir une bourgeoisie libérale, dynamique et entreprenante. Sous son impulsion, Lille devient au 19e siècle une grande ville industrielle dont les piliers sont la métallurgie, la chimie et surtout le textile.

En 1858, en plein essor industriel, la ville connaît un agrandissement majeur avec l’annexion des communes voisines de Wazemmes, Esquermes, Moulins et Fives. Lille triple sa superficie et double sa population. De grands boulevards et de vastes places sont aménagés suivant le modèle haussmannien, pour y construire d’imposants édifices tels que la préfecture, le Palais des Beaux-Arts et les facultés.

Le 20e siècle n’épargne pas la ville, qui subit l’occupation durant les deux guerres mondiales. Dans les années 80, la crise industrielle frappe la ville de plein fouet : tous les secteurs d’activité sont touchés, en particulier le textile. Le taux de chômage passe de 3% en 1975 à 13% en 1990. Lille entame alors une véritable mutation, ciblée vers le développement du secteur tertiaire. Usines et ateliers laissent place aux immeubles d’activités de services. La liaison TGV Lille-Paris en 1993, la création de la ZAC Euralille et l’arrivée de l’Eurostar en 1994 ont permis à la ville de retrouver sa place d’étape sur les routes liant trois capitales d’Europe.

Troisième métropole française, carrefour international, place économique dynamique, Lille est également classée « station touristique » en 2001, désignée Capitale Européenne de la Culture 2004 et obtient le label « Ville d’art et d’histoire » la même année. Aujourd’hui Lille est une destination touristique qui se distingue au niveau national et transfrontalier, grâce à ses nombreux atouts comme le sens de la fête et de l’accueil.